Si vous voulez tout connaître des secrets cachés de vos rêves,
… vous avez une grande ambition. C’est super.
Mais si vous le voulez bien, on va y aller par petits pas.
Pour éviter de faire et dire n’importe quoi.
Merci.
Alors déjà, nous rêvons tous. Certains se souviennent de leurs rêves, d’autres pas. Notre activité onirique varie, parfois intense, parfois plus lâche.
Le souvenir que nous avons de nos rêves varie lui aussi. Cela dépend des besoins et des ressources du psychisme à un moment donné.
Car le rêve n’est pas là « pour rien ». Il a une fonction. Il a des fonctions même.
Il est un mode d’accès privilégié au psychisme profond.
Il se forme au plus près de ce qui travaille en nous, et que nous n’avons pas encore perçu, formulé.
« La voie royale vers l’inconscient » selon Freud.
Voyons de plus près comment cela se fait.
*
Si vous voulez consulter tout de suite les techniques pour travailler avec ses rêves, c’est par là !
Et si vous n’avez pas peur du Grand Méchant Loup, allez donc saluer l’Ombre, par ici !
*
À l’interface entre différents niveaux de réalité
Le rêve est un produit « hypercomplexe », typique de la formation de compromis entre plusieurs niveaux du psychisme.
Il s’enracine dans des niveaux de complexité supérieure, plus englobants, des niveaux où plus de choses sont possibles que dans notre conscience habituelle.
Ce sont des niveaux psychiques rarement mobilisés au quotidien, mais bien connus dans la création artistique, la recherche scientifique fondamentale, les états contemplatifs…
On va dire, pour se comprendre, que
le rêve se forme dans la zone de contact
entre la conscience et l’inconscient
==> Il fait en sorte de traduire ce qui prend forme dans ces niveaux de complexité supérieure, en utilisant un langage qui soit tout de même perceptible pour notre conscience commune.
Pour ce faire, il colle, il compresse, il fusionne, générant des situations, des personnages, des lieux qui sont souvent plus d’une chose à la fois.
exemples : « C’était chez moi aujourd’hui et en même temps c’était dans la maison de mes grands-parents. » || « C’était mon oncle mais en même temps c’était une sorte de plongeur-scaphandrier. » || « J’étais invité mais en même temps il ne fallait pas qu’on sache que j’étais là. »
Et cœtera et cœtera, les combinaisons sont infinies et toujours surprenantes…
Tout se passe comme si le rêve se trouvait à l’interface entre deux dimensions :
-
- une dimension “n” (la dimension de notre conscience),
et
-
- une dimension “n + 1”, plus vaste (celle des couches profondes du psychisme, qui répondent à d’autres formes de logique).
==> J’explique de façon imagée comment cela s’articule dans cet article.
*
NB : par souci de clarté, j’évoque l’inconscient (ou le rêve) comme si c’était un personnage, qui « voit », qui « veut », etc.
C’est juste une façon de dire.
*
J’aime beaucoup travailler avec le rêve. Je considère que c’est un matériau privilégié pour se découvrir de nouvelles ressources, de nouveaux appels.
Et pour défaire les situations de blocage qui ont pu s’installer dans notre existence.
Car le rêve n’est pas là pour vous emm… . Au contraire. Le rêve, c’est votre meilleure appli d’accès à l’inconscient. Pas besoin de la télécharger, elle est livrée avec l’appareil.
Il s’agit simplement de se familiariser avec son fonctionnement.
Par tous les moyens nécessaires
Le psychisme relève d’une fonction d’adaptation naturelle. Il s’enracine en dernier lieu dans notre organisme. Il fonctionne pour notre bien, pour notre santé, comme fonction de connaissance de nous-mêmes et de notre environnement.
NB : le psychisme humain est avant tout visuel.
==> Quand la conscience est débranchée, ou en suspens, il va jouer son rôle de perception du monde et de nous-mêmes en employant des images.
Et en les associant selon une certaine logique, différente de la logique diurne.
Tout ne peut pas être porté à la conscience en même temps. Manque de moyens, de personnel, de budget. (Vous savez ce que c’est…)
Mais tout tend toujours vers la conscience.
L’inconscient veut être entendu.
Par tous les moyens nécessaires.
S’il « perçoit » qu’il peut « vous envoyer du rêve » parce que vous allez y prêter attention, et bien des rêves vous allez en avoir, et des bons, et des gros, et vous allez vous en souvenir.
S’il « perçoit » que ce n’est pas la bonne façon de faire, ou que ce n’est pas le moment, il trouvera autre chose.
Parfois, pour être sûr que vous vous en souviendrez, l’inconscient va vous faire vivre un rêve et vous réveiller juste après. En général en vous faisant peur, ça marche bien comme ça.
C’est ce qu’on appelle généralement un cauchemar.
Et le meilleur moyen de ne pas refaire un cauchemar, ce sera d’y apporter la juste attention. Sinon, ça revient, ne vous en faites pas pour ça : l’inconscient a tout son temps, vous vous lasserez avant lui.
Ce n’est pas la seule raison d’être du cauchemar qui est, comme tout rêve, surdéterminé, mais en première approche on peut l’envisager comme ça.
Il peut aussi arriver que l’on ne dorme pas parce que quelque chose en nous sent que, dans le sommeil, certaines choses risquent de « remonter vers la surface ».
==> Plutôt que de dire qu’on ne trouve pas le sommeil, il serait alors plus correct de dire que « le sommeil ne nous trouve pas », parce que nous tâchons de glisser entre ses bras, n’ayant pas confiance en ce qu’il pourrait nous faire. (1)
Il y a ainsi des insomnies qui sont comme des fuites du sommeil : on ne veut pas y aller, parce qu’on redoute ce qu’on va y trouver.
Dans ces cas-là, tout se passe comme si le sommeil était considéré comme « dangereux » par la partie gendarme du psychisme.
==> Le sommeil se retrouve alors « fiché X », à la rubrique « choses qu’on ne maîtrise pas et qui nous proposent de l’inconnu ».
Il va alors être associé à l’Ombre, cette « figure du psychisme » très puissante, parfois effrayante, qui peut occuper nos nuits…
… Et qui peut aussi envahir notre quotidien si on néglige trop certains aspects de notre personnalité !
[voir l’encadré ci-dessous]
Si vous voulez faire une petite place à ce qui pousse en vous…
commencez par donner un « réceptacle » au rêve
D’autant plus que : un contenu inconscient qui s’est manifesté et n’a pas été entendu risque de revenir, d’insister, peut-être sous des formes plus désagréables.
Alors donnez-lui un contenant. Sinon, forcément, il s’écoule, il s’oublie… jusqu’à la prochaine fois.
Techniques de base pour écouter ses rêves
[sommaire]
Mettez de quoi noter à côté de votre lit. Du papier, un stylo.
Avant de vous coucher, formulez clairement l’intention de noter vos rêves dans la nuit.
Formulez ça aussi clairement que n’importe quel autre truc que vous devrez faire tout à l’heure, au matin : acheter du café, faire un détour en allant au travail, passer un coup de fil, régler le chauffage ==> envisagez ça comme une action à faire.
Dormez.
(« vos paupières sont lourdes, vous sentez votre sacrum qui se détend, etc. ».
CADEAU : Si vous dormez sur le dos, imaginez que vous avez au niveau des reins une queue de dinosaure qui pèse doucement vers le bas. Ça marche super bien.)
Dès la fin du rêve, allumez, jetez quelques mots sur le papier.
Ou enregistrez-vous.
N’attendez pas le matin : au milieu de notre nuit – exactement – il y a toujours un moment où l’on se réveille facilement (cela correspond si l’on veut à la fin du premier « cycle long » de sommeil). (2)
CONSEIL : Pour écrire, évitez le téléphone, son fonctionnement digital est trop éloigné du fonctionnement analogique du rêve. Par ailleurs, son rétroéclairage n’est pas adapté à la projection de ce qui sera monté en vous. Mieux vaut la feuille.
Sans compter qu’en prenant votre téléphone, vous risquez de tomber sur une notification ou un message non-lu et alors là, bye bye le monde du rêve… (3)
Pour commencer, donc, donnez une trace concrète au rêve, le plus rapidement possible.
À noter en priorité :
le lieu,
les personnages,
les actions
Et, par-dessus ça, l’ambiance générale, la sensation (peur, confiance, curiosité, etc.).
Inutile d’en faire un roman. Pas besoin de phrases. En vrac, avec de quoi sentir l’atmosphère.
Ensuite, vous pourrez l’écrire « au propre ».
Ou en faire un dessin.
Ou cuisiner un plat en rapport avec le rêve.
Etc.
Selon votre style.
On peut être parfois très littéral.
Ça va aussi.
ex. : Vous avez rêvé d’un certain animal.
==> Vous serait-il possible de voir ce même animal en vrai ? De l’observer tranquillement, et laisser venir ce que ça vous inspire…?
Vous pouvez aussi aller physiquement dans des lieux qui ressemblent à ceux du rêve, s’ils sont accessibles et sûrs.
Et ressentir sur place ce que ça vous fait.
==> Si cela n’est pas problématique, amusez-vous à amener directement certains aspects du rêve dans la réalité.
*
Tant pis si vous ne vous souvenez pas du déroulé exact du rêve.
==> En vrai, le rêve n’a pas forcément de « déroulé » : du fait de contraintes « dimensionnelles », nous ressentons le besoin de le mettre en récit, de mettre à plat ce qui le constitue (voir plus haut et ici).
Ça peut se faire, mais là n’est pas l’essentiel dans un premier temps.
Voyez d’abord…
-
- Où ?
(le lieu : est-il connu, inconnu ? Dedans, dehors ?
un lieu bâti : dans quel état se trouve-t-il ?
un lieu en extérieur : quel temps fait-il ?)
- Où ?
-
- Qui ?
(les personnages : leur type, leur âge ;
leur état de forme ;
leur humeur ;
disent-ils quelque chose ?)
- Qui ?
-
- Quoi, comment ?
(les actions : est-ce que vous regardez, cherchez quelque chose, vous déplacez, vous cachez…?
Quel est votre état émotionnel dans le rêve ? ==> un adjectif ou deux)
- Quoi, comment ?
Laissez tomber les scénarios ou en tout cas, ne vous bloquez pas pour ça.
Saisissez l’ambiance générale. Elle donne une information primordiale sur ce qui se joue actuellement au fond de vous.
La chose la plus importante à faire, dans un premier temps :
Trouvez un titre à ce rêve
Pour l’identifier.
Pour le distinguer.
« Le rêve avec … dans … »,
« Le rêve du … qui fait … »,
« Le rêve de la … qui veut … »
Voire même :
« Le rêve dont je n’arrive pas à me souvenir mais qui m’a réveillé ».
==> Faites comme si le rêve était un petit enfant qui veut attirer votre attention :
montrez-lui que vous l’avez entendu, même si vous n’avez pas bien compris ce qu’il veut.
*
Gardez-le bien de côté ce rêve-là (ou celui que vous avez déjà fait il y a quelque temps, et que vous n’oubliez pas).
==> Il existe des « rêves-programme », qui contiennent en condensé ce qui va être important pour vous dans une période donnée.
Souvent on s’en rend compte après coup.
Et il sera intéressant, qui sait, de constater d’ici quelque temps que les mêmes éléments apparaîtront dans un nouveau rêve, mais sous un jour différent.
Ou que les rôles auront évolué.
Ou que votre attitude dans la scène aura changé.
==> L’inconscient, dans sa dimension « n+1 », aime bien avancer tout en repassant par les mêmes points…
Mais chaque chose en son temps.
Nommer ce qui vient
Dans l’immédiat, si ça vous va, notez donc
les personnages,
les lieux
les actions
Avec toujours la couleur générale du rêve. Son « ambiance ».
(Quand on relit un rêve après quelque temps, il est parfois difficile de saisir quelle était sa « tonalité » ==> notez-la dès le départ.)
Si des objets, des détails, s’imposent à votre mémoire, accueillez-les, oui.
==> Il peut être difficile de saisir tout de suite ce qu’ils font là, mais avec un peu de pratique, et en les définissant le plus simplement possible, peut-être que quelque chose ressortira déjà.
Et demandez-vous bien sûr s’ils vous font penser à un endroit connu, à une situation vécue… Et voyez où ça vous mène.
NB : Cet exercice d’association libre peut être difficile à pratiquer seul, sans l’accompagnement de quelqu’un qui est familier de ces processus…
Quand vous aurez réuni un certain nombre de rêves,
vous verrez peut-être apparaître des constantes,
des thématiques récurrentes.
Et là ça va devenir intéressant.
On constate en effet souvent que les rêves fonctionnent par séries, que l’inconscient « insiste » en déclinant un même thème, en faisant des variations.
Une fois qu’il est entendu, il passe à autre chose.
Et si vous trouvez le bon moyen de l’entendre, il viendra nourrir votre vie réelle, l’enrichir.
Rendre votre existence plus singulière et votre personnalité plus enracinée et plus assurée.
Il faudra un peu de patience et de modestie au début, mais ça viendra…
…
Méfiez-vous pour l’instant des « grandes significations » : mieux vaut être prudent quand on s’approche de ces zones-là.
Vous pouvez bien sûr regarder sur internet ce qui se dit sur tel ou tel « symbole ».
C’est souvent n’importe quoi, mais c’est déjà une façon d’accorder de l’importance au rêve, alors… Pourquoi pas !
Vous pouvez aussi penser à une histoire, un film, une chanson, qui contient certains éléments de votre rêve.
==> Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Ce serait déjà vachement bien dans un premier temps.
Et n’hésitez pas à en parler à quelqu’un « qui s’y connaît » = quelqu’un qui respectera votre récit. C‘est aussi une façon de donner un contenant au rêve.
Déjà, porter attention à ce qui vient en rêve. Tâcher de le nommer. C’est un bon début.
Le rêve. Tellement de choses à en dire. Tellement de choses à en entendre.
==> il faut du temps pour ça. De l’implication.
Ça ne se fait pas avec un traducteur automatique.
… On aurait déjà « Google Dream » sinon.
Ayez du respect pour cet objet.
Si vous voulez l’approcher, consacrez-lui du soin, de l’attention.
N’en faites pas un « gadget ».
Vous pouvez le laissez entrer gentiment dans votre vie.
Sans en faire tout un plat…
(attention aux enflammades !)
… et sans passer à côté non plus, sans « l’aplatir »
(en mode « Ah ben ça, ça veut dire que … et pis voilà ! »)
– Acceptez de ne pas tout comprendre tout de suite –
Avancez avec sérieux et légèreté.
Vous ne le regretterez pas.
À la prochaine.
(1) Voilà encore des situations en rapport direct avec les vécus archaïques, c’est-à-dire avec l’empreinte des situations vécues par le nourrisson, en vrai ou en fantasme : s’est-il généralement senti en sécurité pour fermer les yeux et s’endormir ?
(2) Prenez la durée-type de votre nuit « naturelle » et divisez-la par 2
(ex. : « sans réveil, je dors 8 heures » ===> sachez que vous pourrez vous réveiller au bout de 8/2, soit 4 heures après votre coucher). Considérez ça comme un fait aussi certain que le réveil qui sonnera.
NB : si vous manquez de sommeil, dormez.
Et arrangez-moi ça : sous aucun prétexte vous ne devez vous infliger un manque de sommeil chronique.
On ne doit pas jouer avec ça.
Si vous ne voyez pas comment faire autrement, si vous pensez que vous êtes obligés de faire comme ça, consultez quelqu’un qui vous aidera.
Le sommeil ne doit en aucun cas être une variable d’ajustement dans votre vie.
==> La privation de sommeil, c’est ce qu’on pratique à Guantanamo. Vous n’allez quand même pas vous faire ça à vous-même ?
(3) Bon, de toute façon vous ne dormez pas avec le téléphone connecté à côté de vous… Si ? Ah. Alors peut-être faudra-t-il faire un peu de place pour que le rêve s’invite…
[sommaire]
L’Ombre : cet étranger en nous-même
Animal au comportement aberrant.
Forêt hostile.
Tempête. Tsunami.
Ville labyrinthique.
Groupe d’étrangers effrayants…
==> Ce sont là des grands classiques qui ouvrent des « séries » de rêves.
Ce domaine de l’inquiétant se nourrit de ce qu’on aura expulsé de notre personnalité.
Et il se manifestera avec d’autant plus de puissance qu’on aura voulu l’ignorer…
« L’Ombre », c’est le nom que Carl Gustav Jung donne à cette partie du psychisme qui recueille les éléments « honteux », « inquiétants » de notre personne.
L’Ombre, ça correspond pas mal à ce que Freud appelle le refoulé.
==> Un aspect de nous-mêmes nié au quotidien, tenu à l’écart de la conscience, mais qui s’introduit assez tôt dans les rêves, quand on commence à s’y intéresser.
D’abord sous une forme « inhumaine » (forces naturelles, bêtes sauvages…) : notre psychisme donne alors une forme figurée à l’énergie pulsionnelle qui travaille en nous. Il nous signalera, de fait, que « ça s’agite là-dedans ». De façon globale.
Puis on rentrera dans le détail, et l’Ombre proprement dite va s’inviter dans nos rêves.
Souvent sous les traits d’un personnage que l’on pourrait considérer comme très différent de nous-mêmes.
À chacun son ombre, à chaque époque son ombre préférée. (*)
==> C’est ainsi que sous nos latitudes elle a souvent emprunté les traits du Gitan, du Juif, de l’Arabe, de l’Africain…
Mais aussi de l’homme des bois, du monstre, de l’extraterrestre. Humanoïde, de préférence.
NB : « l’ombre » doit de toute façon appartenir à notre imaginaire, même s’il est honteux. Elle doit avoir un point commun, gênant, avec nous-mêmes. Même une simple proximité géographique.
Tout le monde a son « Ombre ». Qui apparaît dans les rêves… et qui vient nourrir des antipathies dans la vie quotidienne.
(Vous savez, certains disent qu’on est tout le temps en train de rêver, mais que pendant la journée on ne s’en rend pas compte parce qu’on a des activités conscientes par dessus.
Je suis assez d’accord avec cette présentation des choses…)
Alors par exemple, « l’Ombre » pour les racistes, c’est facile, on a compris : c’est « l’étranger ».
OK.
Pour une personne « très-bien », ce sera par exemple « le punk », « le S.D.F. ».
OK.
Ça, c’est assez évident.
Mais si on se situe « de l’autre côté », si on est un peu « alternatif », l’Ombre ça va être quoi ?
==> Ben, si on est un peu « anar », notre Ombre, ça pourra être « le flic » par exemple.
Ou « le grand patron ».
Etc.
Cette ombre, cette figure intérieure, — au lieu d’apparaître dans nos rêves ou de nous obséder dans la vie diurne — elle pourra devenir un « allié », quelque chose qu’on a assimilé et qui nous renouvelle.
Ou devenir carrément tordue si on continue à la refouler…
NB :
l’Ombre représente toujours un aspect de nous-même
Et comme elle est nous-même, à la base, l’Ombre n’est pas là pour nous faire du mal.
C’est parce qu’elle est refoulée qu’elle va nous apparaître sous une forme antipathique.
Mais si on se familiarise avec ce « personnage de notre âme », on aura peut-être quelque chose de bon à en retirer pour soi.
==> ex. : si notre ombre c’est « l’Étranger », et bien peut-être qu’on aurait tout à gagner à voyager un peu ? Ou à ouvrir nos horizons en tout cas ?
Ça, c’est facile, et c’est évident, n’est-ce pas ?
Si notre ombre c’est « l’Itinérant » (comme on dit au Québec), ben peut-être qu’on gagnerait à s’offrir… que sais-je ? De la liberté de mouvement par exemple ? À sortir un peu de notre routine ?
OK.
Et si notre ombre c’est « le Flic » , alors ?
Hum…
Peut-être qu’on a quelque chose à conquérir du côté de notre propre « autorité » ?
Ou du côté de notre saine agressivité ? (cf. « la police a le monopole de l’emploi légitime de la force » par exemple)
Ou qu’on aimerait être investi par une « autorité supérieure » ? (oui, on va vite aller du côté du « rapport aux parents », là…)
Bref.
===> rien ne sert de lister : ça, c’est chacun, chacune, qui pourra se le voir, avec un travail personnel. En fonction à la fois de ses références personnelles, et de l’imaginaire commun de sa communauté.
NB : ça pourra être un parcours très concret, et très amusant aussi.
(Pas juste un exercice de pure réflexion, d’ « analyse ». C’est pas ça, la « psychanalyse ».)
= On pourra poser des actes dans la vie, qui viennent amener un peu de notre ombre… sous la lumière.
La figure que prend notre Ombre donne en tout cas des informations précieuses sur l’état de notre psychisme (et peut-être sur les directions à prendre…).
Mais pour ça, il faudra l’écouter.
La regarder en face.
(*) À titre d’exemple, pour Jung, médecin psychiatre suisse allemand, fils de pasteur, d’âge mûr, cette figure de « l’Ombre » s’était manifestée en rêve sous les traits d’un « jeune prince arabe ».
Pour ne plus avoir peur de son ombre
Parfois, notamment quand une situation est bloquée, il est assez frappant de voir que c’est justement du côté de…
ce qui nous est
le plus étranger
… du côté de ce qui nous dérange le plus, que se trouvent des clés pour ouvrir de nouvelles portes, et avancer.
==> Certaines façons d’être peuvent nous sembler très loin de nous. Inenvisageables. Trop contraires à notre personnalité.
En rêve, elles apparaîtront même sous des formes inquiétantes.
Elles apparaîtront « inacceptables », contraires à la morale : comportement de vol, de violence, de tromperie… État de saleté, d’ivresse, de vagabondage…
… En tout cas, contraires à notre morale.
Y compris si on est dans « l’alternatif ».
« Quoi !? Moi, aller demander un papier officiel ?! »
« Quoi !? Avoir un logement à moi !? Avec mon nom dessus ? Avec mes propres clés ?! »
==> Il y a plein de choses qu’on ne s’autorise pas, quand on est très libre…
Mais si on regarde de plus près ces façons d’être qui nous sont étrangères… Si on leur laisse la place d’évoluer… Si on les apprivoise. Si on expérimente petit à petit de nouvelles façons de faire…
Et bien peut-être qu’on finira par les voir différemment.
==> Peut-être qu’elles prendront un autre aspect, plus positif…
==> Peut-être qu’on y trouvera des ressources pour avancer, en étant plus « complet », plus « intégré »…
==> Peut-être qu’on va se les approprier.
Pour ne plus avoir peur de son ombre, et la laisser s’approcher, se civiliser.
C’est la vieille histoire du crapaud qui devient un prince. De « La Bête » métamorphosée par le baiser de « La Belle ». Etc.
Ce processus nous permettra d’être plus serein dans notre vie réelle, quotidienne.
De ne plus être en lutte contre soi-même.
Parce qu’être en lutte contre soi-même… ça nous met en lutte contre le monde !
==> En effet, si une personne est occupée jour après jour à refouler des aspects d’elle-même, il y a fort à parier qu’elle aura un souci chronique, dans sa vie réelle, avec l’un des éléments de cette liste :
- l’Obscurité,
- la Nouveauté,
- l’Imprévu,
- l’Animal,
- la Foule,
- le Voyage,
- la Nature / la Ville,
- le Sommeil
…
= autant de façons de représenter « quelque chose qui nous dépasse et nous échappe ».
Voici le processus.
On refoule, confusément. Beaucoup, tout le temps…
Il y a toute une partie de nous-mêmes que l’on veut garder sous le tapis…
Ça s’accumule.
Et ça s’accumule tellement, que ça va finir par ressortir de nous, et par éclabousser le monde.
==> Voici le phénomène de la projection : on va fixer sur un élément du monde extérieur quelque chose qui provient de nous-mêmes et qu’on n’accepte pas.
En le généralisant, en l’amplifiant.
Or, la projection, si on la laisse se dérouler par défaut, peut finir par nous jouer des tours, et par « nous retomber dessus ».
Viendra un moment où l’on va « craquer », et où « tout ce qu’on ne voulait pas être » va nous revenir dessus et s’emparer de nous.
Pour le dire en termes un peu fantastiques :
On va tomber sous le pouvoir de l’Ombre
On va entrer dans le sale, l’incorrect, le violent, le réprouvé…
Dans le « pas cool », le « connard », le « salope », le « égoïste ». Etc.
==> Notre vie va aller chercher « vers le bas » ce qui nous manque et dont on a besoin pour évoluer.
Ça arrive. Parfois il est nécessaire d’en passer par là. Parfois, c’est « une période comme ça ».
C’est typiquement ce qui se joue à l’adolescence, de façon « normale ».
Mais c’est aussi ce qui peut se jouer quand on s’était mis « sur des rails » un peu trop tôt dans la vie. Quand on était parti tête baissée dans une existence rangée mais qui ne nous correspondait pas.
Une « deuxième adolescence » peut alors se jouer à l’âge de la maturité.
Le souci, c’est qu’à ce moment-là elle risque d’impliquer des gens autour de nous qui n’ont rien demandé.
Et qu’on aura plus de pouvoir concret que dans notre jeunesse, et pas de parents à la maison pour nous recadrer.
Donc il peut y avoir de la casse.
Pour éviter que cela se joue dans la honte, pour éviter que ce ne soit qu’une parenthèse avant un retour à la case départ, il est bon d’initier une forme de « dialogue » avec l’Ombre. Avec les parties de nous-mêmes que l’on avait négligées.
Pour les intégrer durablement dans notre existence et notre personnalité. De façon constructive.
Commencer par être à l’écoute de ses rêves, de ce qu’ils nous proposent, de ce qu’ils nous signalent, c’est un bon entraînement. Une bonne habitude à prendre.
==> Sur le long terme, cette familiarité avec soi viendra donner plus de vitalité et de justesse à notre vie éveillée.
Elle nous rendra l’existence à la fois
plus pragmatique et plus enchantée
En paix avec ses ombres, et forte de leur inépuisable énergie sauvage…
images tirées de la série BeTipul (*)
(*) NB : La série BeTipul – et ses adaptations (In Treatment, En thérapie) – ne représentent pas la réalité d’une séance thérapeutique (beaucoup trop d’interprétations, d’explications, etc.).
Elles sont encore plus éloignées de ma propre pratique, où l’on peut échanger, certes, mais où l’on s’appuiera activement sur votre imaginaire.